L'Homme qui voulait vivre sa vie

Paul, qui a renoncГ© Г sa passion pour la photographie, est aujourd'hui un brillant avocat destinГ© Г reprendre les commandes du grand cabinet parisien dans lequel il travaille. Il est mariГ© Г Sarah, avec qui il a eu deux enfants. Lorsque la famille dГ©mГ©nage dans une villa cossue de banlieue, Paul dГ©couvre que Sarah le trompe avec le voisin, GrГ©goire Kremer, un reporter photographe. Sarah quitte Paul qui, fou de rage, se rend chez GrГ©goire. La discussion s'enflamme et Paul tue accidentellement GrГ©goire. AprГЁs avoir fait disparaГ®tre le corps, il change d'identitГ©, vole le matГ©riel du dГ©funt et embarque pour le MontГ©nГ©gro. Un rГ©dacteur en chef, sГ©duit par son travail, dГ©cide de publier ses photos.

Critique lors de la sortie en salle le 03/11/2010

Par Louis Guichard

Quand le hГ©ros tourmentГ© bascule dans l'inconnu et quitte les beaux quartiers de Paris et sa banlieue chic pour l'Europe de l'Est, un souffle monte enfin. Le film se laisse porter par le roman de l'AmГ©ricain Douglas Kennedy, qui a sГ»rement vu et beaucoup aimГ© Profession. reporter, d'Antonioni. MГЄme troc d'identitГ© avec un mort, mГЄme dГ©sir de se rГ©inventer ailleurs, mГЄme fuite mГ©taphysique.

Difficile néanmoins d'oublier les couacs de la partie française. Le portrait qui se voudrait cruel - mais sonne creux - de la bourgeoisie friquée. Les efforts d'Eric Lartigau (Prête-moi ta main) pour faire sentir l'imminence d'un drame par le montage et la musique, qui produisent une grandiloquence un peu gauche. Le jeu tâtonnant de Romain Duris, avocat d'affaires, et de Marina Foïs, son épouse BCBG - des rôles qui ne leur vont pas, où ils paraissent déguisés. Seule Catherine Deneuve, en patronne de Duris, refuse la mascarade et, en deux scènes, fait entendre une notre juste, sèche, tragique.

Le deuxième mouvement est, lui, d'autant plus intéressant qu'il brouille la piste de la culpabilité écrasante. Contre toute attente, le fugitif semble au bord de s'accomplir dans sa nouvelle peau. La menace ne vient plus de lui-même mais de l'extérieur. L'ambiguïté s'installe. Et - ce n'est pas si fréquent dans le cinéma français à vocation populaire - le film parvient à rester jusqu'au bout en eaux troubles.

Critique du 22/04/2017

Par Louis Guichard

| Genre. Г©loge de la fuite. Quand le hГ©ros tourmentГ© bascule dans l'inconnu et quitte les beaux… (Lire la suite)